« Sous ciel de Vivarais
La châtaigne mûrit en secret,
Le vieillard la cueille, ému,
Et revoit son enfance bénie. »








































Cévennes d’Ardèche, voyage autour de Rocles a été réalisé en quatre jours, guidé par un unique désir : celui de revenir sur les lieux qui ont bercé mon enfance ardéchoise.
Ces paysages familiers – arpentés jadis en famille, explorés seul ou accompagné – forment un réseau de repères, tantôt majestueux, tantôt anodins, mais tous essentiels aux liens intimes avec ce territoire.
En suivant les pas de l’enfant que j’étais, je crus d’abord retrouver les pierres précises où je m’étais assis, les sous-bois peuplés d’’animaux étranges, les ruines dressées par-delà les montagnes. Pourtant, malgré la reconnaissance immédiate des lieux, tout me parut subtilement déplacé. Globalement, tout était là – mais comme lavé par le temps et silencieusement transformé.
J’ai eu alors l’impression de redécouvrir un territoire inconnu, d’ouvrir de nouveaux chemins dans une terre jadis familière.
Face à ces paysages, je me suis arrêté. Longtemps. J’ai observé et écouté.
Ce n’est qu’après ce temps de présence silencieux, que les images se sont imposées. J’ai pris peu de photographies, mais chacune d’elles me semblait porteuse d’une vérité, d’une émotion juste, d’une beauté fragile à ne pas déranger.
Chercher un sujet, un thème, un lieu à photographier n’est jamais chose simple.
Cela convoque de nombreuses questions : Est-ce intéressant ? Suis-je légitime ?
Ce travail saura-t-il toucher ?
Mais ici, en revenant « chez moi », dans ces espaces traversés mille fois, ces interrogations ont peu à peu disparu. Elles ont laissé place à une sincérité nue, à une forme de clarté intérieure.
Ce que l’on photographie, on ne le voit jamais tout à fait seul. On y mêle toujours son histoire, ses émotions, ses souvenirs. Entre objectivité documentaire et subjectivité affective, ce tiraillement constant me semble justement ce qui rend possible la révélation de quelques vérités.